Un acouphène est un trouble auditif caractérisé par un bruit perçu par intermittence ou en continu mais qui n’a pas d’existence réelle dans l’environnement extérieur. Il peut s’agir d’une hallucination auditive liée à une perturbation nerveuse ou d’un phénomène acoustique résultant d’une action mécanique au sein de l’organisme lui-même.
Les personnes atteintes par ces mirages sonores sont nommées acouphéniques. C’était le cas de Van Gogh, de Beethoven et d’Hippocrate. Le symptôme est connu par toutes les civilisations depuis longtemps. L’acouphène est désigné quelquefois par le terme Tinnitus qui signifie en latin tinter ou sonner comme une cloche. C’est aussi le mot que l’on utilise dans la langue anglaise.
Précisons que les acouphènes sont le symptôme d’un dysfonctionnement. Ce n’est pas une maladie à proprement parler. On en distingue deux types : l’acouphène objectif et l’acouphène subjectif.
Acouphène objectif
L’acouphène objectif est assez rare. Il représente 1% des cas seulement et se manifeste souvent par un acouphène pulsatile. Le bruit est entendu par le patient et peut l’être aussi par son médecin soit à l’oreille nue, soit à l’aide d’un instrument de mesure. L’examinateur place un microphone dans le conduit auditif ou utilise un stéthoscope par exemple.
Les causes d’un acouphène objectif sont généralement liées à un trouble neuromusculaire ou vasculaire. Il se traite soit par des médicaments, soit par la chirurgie.
Acouphène subjectif
Dans le cas plus courant d’un acouphène subjectif, le son n’est audible que par le patient. La sensation auditive fantôme résulte d’une activité erronée du système nerveux. Cette activité est interprétée comme étant un son au niveau des centres auditifs supérieurs.
Les personnes atteintes ont l’impression d’entendre des bourdonnements, des sifflements, des cliquètements ou des grésillements avec une intensité variable selon les cas. Ce bruit de fond est perçu soit par une oreille (acouphène unilatéral à droite ou à gauche), soit par les deux oreilles (acouphène bilatéral), soit de manière diffuse dans toute la tête. Il est permanent ou intermittent.
Le traitement d’un tel acouphène nécessite d’explorer plusieurs types de thérapies alternatives. Car l’approche par le médicament et l’homéopathie pour soigner ce mal ne donne pas toujours de résultats satisfaisants. Le but principal est d’atténuer l’empreinte du trouble auditif en réduisant sa prise de conscience. Ainsi, le patient parvient plus facilement à faire abstraction de l’acouphène dans sa vie quotidienne.
Thérapies cognitives
Des thérapies efficaces existent pour lutter contre les acouphènes. Ces solutions d’ordre psychologique contribuent à diminuer le stress et l’anxiété :
- la relaxation : cette technique amène le corps et l’esprit vers un repos naturel profond à l’état d’éveil. La personne qui souffre d’un acouphène apprend à identifier ses tensions et à modifier ses réponses physiologiques face au stress créé par la perturbation auditive.
- l’hypnose : l’état d’hyper-vigilance mentale provoqué par l’hypnose permet au patient de se détacher graduellement de la perception consciente de l’acouphène. Quelques séances sont nécessaires avant d’en mesurer les bienfaits et de soulager la gêne.
- la sophrologie : cette approche utilisée pour traiter l’acouphène repose sur un ensemble de techniques et de méthodes qui visent à harmoniser le corps et l’esprit par l’équilibre des émotions. Le sophrologue mène le patient dans une détente profonde. La rééducation du cerveau est opérée par des suggestions positives dont le but est de minimiser l’influence de l’acouphène. La sophrologie assure un bien-être rapide qui conduit l’acouphénique à se détacher plus facilement du bruit parasite.
- l’acupuncture : pratiquée par un acupuncteur, cette solution consiste en l’exploration de différents points dont la stimulation provoque une variation de l’intensité de l’acouphène. Toutefois, les effets bénéfiques ne sont pas toujours au rendez-vous selon les patients.
- l’ostéopathie : utilisée dans le traitement du vertige, cette technique donne des résultats variables pour guérir un acouphène. Néanmoins, l’action de l’ostéopathe peut contribuer à une nette amélioration du trouble auditif chez certaines personnes.
Thérapie sonore
Suivre une thérapie sonore pour tenter d’arrêter un acouphène est une autre alternative à explorer. Il s’agit d’écouter un bruit blanc dont le rôle est de masquer le sifflement ou le bourdonnement de l’oreille. Cet environnement acoustique se compose de sons émis sur diverses fréquences.
Les bruits blancs sont diffusés soit via une prothèse auditive fixée sur l’oreille, soit par l’intermédiaire d’un générateur de bruits spécialement adapté, soit par un simple lecteur audio (CD, MP3…). Noyé parmi d’autres sonorités, l’acouphène n’est plus perceptible en tant que tel. Le patient apprend de cette façon à ne pas focaliser son attention sur la perception du son considéré comme anormal.
Les causes d’un acouphène
La cause la plus fréquente de la survenue d’un acouphène repose sur une exposition prolongée au bruit. Les situations à risques sont clairement identifiées dans le monde professionnel (usine, machines…). Certaines activités sportives s’avèrent également dangereuses pour l’audition si elles sont pratiquées de manière imprudente (tir, chasse, course automobile…).
Dans le domaine des loisirs, la prévention à vocation à sensibiliser les plus jeunes. Cette population est particulièrement concernée par les acouphènes (concert, discothèque, écoute de la musique au casque…).
Dans le cas d’un traumatisme sonore ponctuel, l’acouphène disparait naturellement après quelques heures. Il s’installe rarement définitivement. Toutefois, s’ils sont répétés, ces microtraumatismes dégradent progressivement la qualité acoustique.
Par ailleurs, l’origine d’un acouphène peut être liée à l’âge. La dégradation naturelle de l’audition entrainent de temps à autre ce phénomène auditif. Un bouchon de cérumen, une otite, une atteinte du nerf auditif, une hypertension artérielle, une obstruction de la trompe d’Eustache, une maladie de Ménière, une arthrose des cervicales ou une otospongiose peuvent également provoquer ce bruit fantôme. Les acouphènes sont aussi les symptômes de troubles du système vestibulaire à l’origine de vertiges.
Une qualité de vie perturbée
En France, l’acouphène touche entre 10% et 15% de la population. Il peut se produire soudainement ou progressivement à n’importe quel âge. On compte près de 200 000 nouveaux cas par an. Le plus souvent, il s’agit d’un acouphène temporaire qui se manifeste par des bourdonnements dans les oreilles. Cependant, ce trouble auditif peut aussi s’installer durablement.
Les acouphènes génèrent une fatigue ainsi qu’une souffrance importante en perturbant la concentration, l’endormissement, le sommeil et la vie sociale de la personne. Dans de nombreux cas, l’audition reste normale. Mais parfois, l’acouphène s’accompagne d’une perte auditive (hypoacousie) ou d’une hypersensibilité aux bruits (hyperacousie) qui viennent s’ajouter à la gêne ressentie.
Dans les cas les plus graves, le stress induit par l’acouphène entraine la rupture des liens sociaux, l’anxiété, la dépression et des comportements suicidaires. Moins forts et moins fréquents, les acouphènes semblent être mieux supportés chez les enfants.
Diagnostic et prévention
Pour dresser un diagnostic et évaluer l’acouphène, il est nécessaire de pratiquer des tests auprès d’un oto-rhino-laryngologiste (ORL). A l’aide d’un bilan auditif complet, le spécialiste détermine les causes du dysfonctionnement. Il identifie les fréquences prédominantes de l’acouphène (graves ou aigües) et adapte en conséquence la thérapie à suivre. Mais malheureusement, le remède miracle pour une guérison totale n’existe pas…
Si l’on ne sait pas comment se débarrasser définitivement d’un acouphène, on connait en revanche très bien les gestes simples de prévention à adopter pour l’éviter : port d’un casque anti-bruit pour les professionnels, bouchons pour les oreilles dans les situations à risques, etc…